Sasha DiGiulian dirige la première équipe exclusivement féminine à gravir l'imposante voie Rayu

En 2010, à seulement 17 ans, Sasha DiGiulian a remporté ses premiers championnats nationaux d'escalade sportive contre des femmes de tous âges. Un an plus tard, elle a décroché le titre de championne du monde et compte désormais plus de 30 premières ascensions féminines à son actif.

Rayu a été équipé par Iker Pou, Eneko Pou et Kico Cerdá en cinq semaines en 2020 et parcourt la face sud de la Peña Santa de Castilla par une ligne de trad vertigineuse de plus en plus raide, avec des pitons répartis.

DiGiulian a demandé à Söderlund de devenir sa coéquipière, car elles sont amies de longue date et que la Suédoise grimpe facilement des voies en 5.14, puisqu'elle a aussi grimpé du 9a (5.14d) et fait du 8b (V13). Il s'agit du deuxième voyage international de Harrington et DiGiulian ; l'hiver dernier, ils se sont rendus à Makatea, en Polynésie française, pour tourner un épisode de la nouvelle série de vlogs de DiGiulian pour Red Bull TV. Au cours de sa carrière, l'Américaine Harrington, âgée de trente ans, a notamment gravi en solo le 5.11a Chiaro di Luna à l'Aguja Saint-Exupery en Patagonie et une voie 5.13+ dans sa base californienne du lac Tahoe.

La première moitié de cette voie spectaculaire se situe dans la zone 5.12 (6c) et mène à un promontoire rocheux spacieux, mais tranchant et incliné, où DiGiulian et son équipe ont passé la nuit. DiGiulian a expliqué : "Le Big Wall Free Climbing est un rappel de ce dont les gens sont capables. C'est ce que nous faisons et c'est pourquoi nous sommes venus ici. C'est ce sentiment de creuser profondément et de créer quelque chose que l'on ne pensait pas possible".

Trois longueurs au-dessus du ressaut se trouve le passage clé de niveau 8c, suivi de deux autres longueurs techniques, et de là, 60 longueurs d'escalade technique mènent au sommet, d'où l'on peut voir l'Atlantique. Peu après que DiGiulian et Söderlund aient repositionné la voie le 12 septembre, les trois grimpeuses ont repris la voie pour aider Harrington à réussir le passage clé. Ils ont soutenu Harrington du 16 septembre jusqu'à la fin du trip, le 22 septembre, mais à ce moment-là, elle n'avait toujours pas réussi à passer le 8c - ce qui aurait été son premier 5.14. Elle n'avait pas non plus réussi à passer le 5.14, mais elle avait réussi à le faire.

DiGiulian a révélé : "Je ne voulais rien de plus que de voir Brette réussir le 8c. Nous avons réussi l'ascension, mais Brette n'a tout simplement pas réussi le 8c. Elle a essayé plus d'une douzaine de fois et a chuté à chaque fois au même endroit". Malgré cela, Harrington a mené une grande partie des 13 longueurs de corde, en bricolant des petites cordes, en réglant des bloqueurs de totem, en se frayant un chemin à travers un terrain sans chute et en montrant les positions les plus importantes de l'équipement pour qu'ils puissent échanger les cordes au tour suivant. Pour compliquer les choses, le rocher était si tranchant qu'ils se sont coupés le bout des doigts jusqu'au sang, si bien qu'ils les ont entourés de ruban adhésif pour éviter de nouvelles coupures. Les conditions météorologiques ont également constitué un défi, comme l'a expliqué Harrington : "Les tempêtes étaient très violentes. Un énorme ouragan faisait rage au large des côtes portugaises. Certains jours, il y avait du brouillard, d'autres jours, il pleuvait et il y avait des orages. Ici, nous avons de gros orages appelés 'chubasco'".

Söderlund, 30 ans, a ajouté : "C'était impressionnant d'apprendre à maîtriser les via ferrata aventureuses en équipe. J'ai accidentellement détaché un bloc qui est tombé et a failli toucher Sasha. D'autres parties de l'itinéraire sont également faciles. Il n'y a pas de zones de chute dans chaque longueur de corde, et les fissures ont des picots et des bosses de mer, ce qui rend le placement de l'équipement difficile. Heureusement, nous n'avons pas eu de chutes effrayantes. Nous parlons déjà d'un autre projet commun. Nous sommes très complémentaires en termes de style d'escalade".